Le
pouvoir de la femme à travers sa voix
Devant
la toute puissance de l'aristocratie, Mozart avait '' changé ''
l'image de la femme et mis nettement en cause, dans
plusieurs de ses opéras,
notamment dans son Don Giovanni *,
'' le droit de cuissage '' et porter des coups fatals, à son époque,
à une misogynie '' des plus naturellement admises ''
*
-
Sous-titré pour éviter la censure, une façon de dire une chose et
son contraire : « drama
giocoso,
drame joyeux »
-
«
Je ne parle pas, je chante pour moi-même et je pense ; il n'est
pas défendu de penser... »
Carmen
de G. Bizet, ne se '' contente '' pas de parler, elle chante – elle
chante sa pensée, sa réalité de femme, la force de sa voix
découvre son pouvoir de femme
Interdite
de chanter en public durant des siècles, la femme en Europe, enfin,
sort du silence que lui imposait d'obscurantistes hommes d'églises
se jouant de la crédulité ou de la soumission de rois à '' l'ordre
divin '' confortés politiquement par la '' bien pensance '' d'une
bonne partie de l'aristocratie, conquiert ce lieu d'expression
privilégié qu'est l'opéra
Désormais,
elle n'est plus bonne seulement à servir, le désir ne lui
est plus interdit, elle peut depuis la scène faire voir et
entendre le pouvoir de la femme à travers sa voix
L'opéra
, par excellence le lieu privilégié de l'expression du désir est
en lui-même une victoire, le triomphe de la femme, au-dessus de
tout, de son droit à l'expression, enfin pour
elle de se faire comprendre
Face
à l'ex-amant incapable de s'assumer, Carmen préfère la mort que de
sacrifier sa liberté, de s'interdire son droit au désir
Dans
le Don Giovanni Donna Anna n'est pas seulement une jeune femme
délaissée, ni exclusivement confinée dans la haine qu'elle voue à
l'assassin de son père mais aussi, se montre jalouse et ''
prisonnière de son désir
''
Par
dérision ou '' affectation '', lucidement Mozart fait Elvira
tragi-comique dans son outrance, essentiellement sous l'emprise de
son obsession, toutes ces femmes donnent le spectacle du désir
féminin dans tout ce qu'il peut avoir de transgressif et de
subversif, dans d'autres situations exprime, reflète avec force ou
extrême agressivité le mental de certaines des femmes sous
l'emprise de la vénalité ou de la mauvaise foi, ce qui n'est pas
sans rappeler, dans chacun des cas de figure, par le biais du théâtre
de l'opéra l'importance que revêt dans notre culture la Tragédie
des anciens grecques
L'art
échappe aux religions, telle une '' créature '' sortie tout
droit des pinceaux de Léonard de Vinci, un corps affirmé, insolent
de vérité où se fond à la fois le moi et l'image, c'est enfin le
tour de Cléopâtre d'irradier la scène de son désir en usant de sa
féminité mis au service de ses plus grandes ambitions, puis,
personnage de femme d'un mental non
inhibée par les contre-natures idéologies platoniciennes, forte
psychologiquement, armée d'une force vitale à toutes épreuves, l'
aimeuse, se voit '' rattrapée '' par ses dispositions
naturelles pour la passion amoureuse
Puis,
presque le pendant de Cléopâtre, la
subtile et ironique nudité d' Olympia ( interprétation du rôle
par Patricia Petibon ) dans '' les contes d' Hoffman ''
[
« L'érotisme est un humanisme »,
écrivait Georges Bataille ], l'art de désirer est totalement
inexistant dans la fausse plénitude ambiante ou plénitude factice
purement idéologique, avant que ne soit goûter les fruits de
l'arbre de la connaissance dans le jardin d’Éden, à l'initiative
d' Ève qui non seulement maîtrisait le dialogue avec elle-même,
savait regarder au plus profond d'elle-même
Contre
les religions, l'Art de désirer se joue
des interdits religieux, se renforce, compose ou s'émancipe pour
dans notre '' paradis terrestre ''
définir l'humanité *,
c'est en ce sens, que j'ai particulièrement apprécié, ces
trois dernières années, de voir ou revoir, quatre des opéras parmi
les grands opéras qui disent autre chose de la condition humaine,
plus particulièrement celle des femmes, ils ne
sont rien moins que la parole de la femme portée par sa voix
bien au-delà du langage :
Carmen
- suivi de Don
Juan,
de Cléopâtre
Crab
- 10 Décembre 2012
* :
Dans l'actualité, dire que l'érotisme est un humanisme vaut pour
les passions amoureuses des homosexuelles et des homosexuels
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La poésie dit l'essentiel avant que la philosophie ne s'en mêle, et dans toute l'histoire de la vie spirituelle de l'humanité il n'y a jamais qu'un seul créateur, le poète, ainsi qu’un unique miracle, la musique.
.
Athée libertaire et non athée chrétien, amoureux des arts et plus particulièrement de l'Opéra.
Prioritairement engagé pour combattre l'antisémitisme et participer au débat public afin de réunir les conditions d'un changement ouvrant la voie à une démocratie avancée. En remplaçant le système politique actuel jacobin ou monarchique par une république girondine.
Claude Bouvard
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